Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/18

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— Mon enfant, songez-vous quelquefois qu’en vous plaignant ainsi, sans raison et sans justice, du sort très beau que la Providence vous a fait, vous offensez Dieu ?

Mademoiselle Dax courba le front.

— Car, je vous le dis en vérité, – poursuivait le prêtre, grave, – Dieu vous a comblée de ses dons ! Vous êtes catholique, d’abord. Protestant, votre père aurait voulu sans doute vous voir partager sa fausse et détestable croyance. Mais votre mère, avant même que vous fussiez née, luttait déjà pour votre salut éternel ; – votre mère, que vous accusez de ne vous point aimer ! – Vous êtes catholique… Quelle félicité de la terre équivaudrait à ce bonheur surhumain, gage de la félicité éternelle ? Mais les joies du siècle ne vous ont même pas été refusées. Vous avez la santé, plus précieuse que la richesse. Vous avez la richesse aussi : car je ne sais pas grand’chose de la vie mondaine de cette ville ; mais le nom de M. Dax est pourtant venu jusqu’à moi, tellement on vante partout son ardeur laborieuse, l’opiniâtreté de ses efforts, et le succès qui l’a récompensé. – Mon enfant, quand votre père, déjà vieux et déjà opulent, use sa vie, au fond d’un bureau, pour accroître cette fortune dont il ne jouit pas, et qui sera vôtre un jour, à qui donc sacrifie-t-il son repos, sa paix ? Ah ! vous êtes ingrate ! et vous péchez contre le commandement : Tu honoreras ton père et ta mère ! Ma fille, la tendresse des vôtres s’exerce envers vous par des actes, et c’est mieux que par des paroles. Je vous le demande ici : quel reproche précis, direct, réel,