Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/182

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n’est-ce pas ? Tu aimes… tu te figures aimer quelqu’un ?

Pourpre, mademoiselle Dax se raidit en arrière :

— Personne !

— Personne ?… Alors ?…

— Je n’épouserai pas M. Barrier.

Cette fois M. Dax scruta d’un œil défiant tout le visage de sa fille. À la fin :

— Nous verrons, – dit-il froidement. – Je n’ai aucun moyen de t’obliger à tenir notre parole. Mais je puis t’obliger à réfléchir. Tu réfléchiras. N’oublie pas que tu n’es pas majeure, et que tu as besoin de mon consentement pour un mariage à ton goût… Tiens ?… Tu n’avais pas pensé à cela ?… Va ! je ne suis pas dupe !… Et je vois clair dans ton manège… Tu vas rentrer à la maison de ce pas. Tu monteras dans ta chambre et tu y resteras… Ça dérange tes projets, de ne pas pouvoir courir les rues ? Tant pis et tant mieux ! Tu obéiras.

Mademoiselle Dax avait soudain relevé la tête. Une colère étincelait dans ses yeux. Impassible, M. Dax se tourna vers sa femme :

— Vous, vous me ferez le plaisir de mettre dès ce soir votre femme de chambre à la porte. Et vous surveillerez désormais votre fille de plus près. Allez-vous-en toutes les deux maintenant !…

Il ouvrit la porte et éteignit la lampe. Dans le bureau, les employés, pleins de zèle à l’entrée du maître, se penchèrent avec ardeur sur leur tâche.

— Quant à M. Barrier, c’est moi qui l’avertirai…