Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/185

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ou plutôt, c’est moi qui ne l’avertirai pas… pas encore. Allez !

La porte claqua.

Dans la rue, madame Dax, tout à l’heure muette et comme suffoquée par l’audace de sa fille en rébellion, voulut prendre une revanche :

— Alice ! – commença-t-elle avec énergie… Mais mademoiselle Dax, sans écouter, allongeait déjà ses enjambées garçonnières, et prenait le chemin de la maison.

Ce fut une vraie course. Distancée, essoufflée, furieuse, madame Dax précipitait ses pas sans réussir à rattraper la jeune fille qui fonçait droit devant elle, tête basse et coudes pointus, dans la cohue des passants bousculés. La rue Puits-Gaillot, le pont Morand furent ainsi parcourus d’une allure folle. Puis ce fut le quai et ses larges trottoirs déserts, propices aux galops échevelés. Mademoiselle Dax augmenta son avance. L’avenue succéda au quai. Mademoiselle Dax atteignit la maison familiale, sonna, entra…

Et quand madame Dax, hors d’haleine, arriva à son tour devant la porte, la porte était déjà refermée !…


Exaspérée, madame Dax, sans même prendre le temps d’ôter son chapeau, voulut monter chez sa fille. À mi-chemin elle s’arrêta et redescendit :

— Pour qu’Alice ait agi de la sorte, – pensa-t-elle, – il faut qu’elle soit dans une colère tout à fait folle. Elle n’écouterait, elle n’entendrait rien de rien…