Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/23

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zigzag, la robe claire de mademoiselle Dax s’en allant.

— Bonne enfant ! – songea-t-il. – La voilà purifiée par le sacrement ; et quand je la reverrai, dans deux mois, c’est à peine si son âme sera moins blanche qu’en ce moment même.

L’abbé Buire suivit des yeux la robe, jusqu’à ce que les arbres touffus l’eussent voilée. La robe descendait vers Lyon. Lyon, énorme, grondait sourdement, par ses usines, ses tramways, ses gares, ses halles, ses casernes, son port plein de vapeurs ; et ce grondement montait jusqu’au balcon épiscopal, comme un assaut moderne battant le pied de la basilique.

— Dans ce monde corrompu, – pensa l’abbé, – cette fille est demeurée miraculeusement pure. Elle a pourtant vu et touché l’abjection du siècle. Elle n’est pas ignorante du mal. Satan lui a montré les péchés de l’esprit et de la chair. Mais la grâce du Seigneur l’a sauvée des tentations.

Une cloche de Fourvières tinta. Le son religieux domina d’abord la rumeur profane qui montait de la ville. Mais, la sonnerie finie, les vibrations de bronze s’éteignirent vite, tandis que régnait de nouveau, puissante et tenace, la rumeur des hommes d’en bas.

— Alice Dax, – continuait le prêtre, absorbé dans sa rêverie, – a la foi. La foi la préservera. Elle est une vierge selon le désir de Dieu. Elle sera bientôt une épouse chrétienne ; et elle déversera saintement sur son mari et sur ses enfants le trop plein de son cœur tant avide de tendresse !…