Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/238

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— Eh bien ?

— Je suppose que vous le savez, que vous êtes jolie ?…

— Moi ?…

Mademoiselle Dax s’est arrêtée net, bouche bée. Fougères s’arrête aussi :

— Vous ne le savez pas ?… Ah çà ! il n’y a donc pas de miroir, dans votre maison ?…

Elle ne souffle mot. Elle ne sourit pas. Elle le regarde profondément, anxieuse et frémissante…

— Vous ne le savez pas, que vous êtes jolie, mieux que jolie, belle, attirante, ensorcelante, avec votre bouche sensuelle, vos joues enfantines et votre front chaste ?… Vous ne le savez pas, personne encore ne vous l’a dit, que votre taille est mince et votre gorge ronde, et que les hommes rêvent de vous, après vous avoir vue ?… Petite fille, petite fille !… Est-ce moi qui, le premier, vous enseigne votre pouvoir sur nous tous ?… Oh ! ne retirez pas votre main !… Vous n’avez rien à craindre et nulle part vous ne serez mieux respectée qu’ici, sous ma garde ! Mais il faut que vous m’entendiez, il faut que vous me croyiez !… Il faut que vous ayez foi dans la vie, foi dans l’amour !… Il faut que vous sachiez attendre, sans peur ni tristesse, le fiancé qui va venir, le fiancé qui déjà frappe au volet de votre fenêtre… et il faut que vous ayez le courage de l’accueillir, malgré toutes les volontés hostiles, comme vous avez eu le courage de repousser l’autre, qui ne vous aimait pas et que vous n’aimiez pas…