Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/246

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VIII


En pleine ville, dans une rue populeuse, sous la lueur vive des réverbères et devant les étalages étincelants des magasins de soieries, Fougères s’arrêta maussade.

Un quart d’heure durant, il avait suivi la promeneuse rencontrée au Parc. Il lui avait même débité, chemin faisant, les galanteries qui sont d’usage. Puis tout à coup, comme un pont, lumineux d’électricité, succédait aux quais plus obscurs, le nouveau fiancé de mademoiselle Dax s’était souvenu qu’il ne lui était plus permis, décemment, de courtiser en public une dame à laquelle il n’avait point eu l’honneur d’être présenté…

Et, courageux, il avait fait demi-tour.

N’importe ! la soirée s’annonçait morne. Demain, jour d’action, voire de bataille, on n’aurait sans doute pas le temps de s’ennuyer. Mais d’ici à demain, comment tuer les heures ?…

Une cohue de passants encombraient le trottoir. Un bon bourgeois, traînant par la main un moutard qui regimbait, heurta Fougères et ne s’excusa point, uniquement occupé de l’enfant piailleur.

— Tu verras, – grondait-il, – tu verras, si je le dis à ta mère !