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Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/260

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X


Toute l’après-midi du lendemain, mademoiselle Dax attendit en vain Fougères.

Tremblante d’émotion, d’abord, impatiente ensuite, étonnée bientôt, anxieuse enfin, elle vit venir le crépuscule, puis la nuit noire.

Enfermée toute seule dans sa chambre, debout derrière une fenêtre et le front aux carreaux, elle avait guetté de longues heures les passants de l’avenue ; maintenant, ses yeux las ne distinguaient plus rien, malgré la lueur jaune des réverbères, dont la flamme dansait à la bise. Et le froid aigre du dehors pénétrait à travers la vitre jusque dans la tête lourde, glaçant peu à peu toute sa pensée…

Il ne viendrait plus à présent… Sur la cheminée, la pendule d’albâtre avait sonné six heures. Debout toujours et immobile, mademoiselle Dax ne songeait point à tourner le commutateur électrique, et la chambre était pleine de nuit. Tantôt, quand il faisait jour encore, la nouvelle femme de chambre, savoyarde d’ailleurs comme l’ancienne, était entrée : « Le Salut Public, mademoiselle… » Mais mademoiselle Dax n’avait même pas tourné la tête, et le journal dédaigné faisait maintenant tache blême, sur