Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/47

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exemple. La conversation s’anima. Mademoiselle Dax, qui s’efforçait d’y prendre intérêt, ne s’étonna pas de reconnaître au vol quelques tirades déjà entendues rue Terraille, dans le bureau pareil à une salle d’école, parmi les phrases techniques des employés liés à leur tâche…

Madame Dax, renfrognée, se taisait.

Cependant, à la longue, le docteur Barrier s’occupa de sa fiancée :

— Qu’est-ce que vous avez fait toute la journée, mademoiselle ?

— J’ai été à Fourvières…

Et elle appréhenda une raillerie : M. Barrier se targuait d’être libre-penseur. Mais, généreux, il se contenta de rire :

— Vous avez bien raison, si ça vous amuse !

M. Dax regarda sa fille avec un peu de mépris :

— Que voulez-vous, Barrier ! elle tient de sa mère.

— Mais laissez donc ! – protestait le fiancé avec rondeur. – Ça m’est tout à fait égal. Je ne suis pas un farouche comme vous, papa. Elle ira à la messe tant qu’elle voudra, ma femme. Je suis un vieux libéral, je respecterai toutes ses petites idées…

Mais M. Dax revendiquait pour lui-même le titre de libéral :

— Personne plus que moi, mon cher ami, ne respecte ce qui est respectable. Mais, vous le verrez plus tard, les superstitions de cette enfant mettront votre patience à l’épreuve. Je me croirais déloyal si vous n’en étiez pas bien averti…