Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/68

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grille, le nom du chalet s’écrivait en lettres de fer forgé, un nom baroque : Chalet des Chats.

— Une caserne, ou une maison de fous…

Toutefois madame Dax revint un peu de ce premier jugement, à l’apparition d’un domestique à gilet jaune.

Un perron, – six marches de pierres crevassées, avec de l’herbe dans chaque fente (on la laisse pousser exprès, cette herbe, bien sûr !) ; – une antichambre, grande à n’en plus finir, et toute nue ; – un petit salon, nattes blanches par terre, toiles persanes aux murs ; – un grand salon, mêmes nattes et mêmes toiles ; – un moyen salon, mêmes toiles et mêmes nattes. Partout des meubles de rotin, – chaises, fauteuils, tête-à-tête, tables, guéridons, tabourets, bergères, liseuses, chaises longues… Et puis des coussins, des coussins de toutes les espèces, de toutes les formes, de toutes les couleurs ; – des coussins de soie, de velours, de batiste, de brocart, de dentelles, de broderies, de fourrures, de tapis d’Orient et de paille chinoise, – des coussins par tas, par monceaux, par piles. Il y en a sur les meubles et dessous, sur les nattes et le long des murs, partout. Et puis des violons, des guitares, des altos, des mandolines, des violoncelles, deux pianos à queue, un orgue. – Et rien d’autre : pas un bibelot.

Madame et mademoiselle Dax avancent à petits pas, celle-ci étonnée, celle-là méfiante ; – les coussins gênent pour marcher.

Il fait sombre, malgré les fenêtres sans volets :