Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/73

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Mademoiselle Dax, extrêmement émue, questionne :

— Celle qui écrit des livres ?

— Oui !… celle qui écrit des livres. Même, elle en écrit un ici : le livret de ce fameux opéra dont mon fils fait la partition…

Poliment, madame Dax admire :

— Oh ! un opéra !… un grand opéra ? Comment s’appelle-t-il ?

— Un opéra immense ! – affirme madame Terrien sans sourire. – Il s’appelle Les Filles de Loth. Par exemple, Gilbert me dit que ce n’est pas un sujet pour mères de famille ! Tant pis, jen’irai pas à la première… Ah ! madame, les jeunes gens d’aujourd’hui sont bien audacieux ; nos cheveux blancs en rougissent !

Un silence. Madame Dax, vaguement inquiète, regarde sa fille.

— Enfin !… – crie tout à coup madame Terrien : – vous n’attendrez pas longtemps, et le thé sera à point. Voilà la poétesse qui rentre, et voilà Fougères avec elle…

La porte, en effet, vient de s’ouvrir. Et sur le seuil apparaissent, au bras l’un de l’autre, une jeune fille très blonde, au profil hardi, et un jeune homme presque brun, aux yeux câlins et moqueurs…

Et mademoiselle Dax, effarée, serre ses lèvres pour ne pas crier : elle les reconnaît ; – l’image de leur couple est burinée au fond de sa mémoire : c’est eux qu’elle a surpris hier sur le Signal, s’étreignant lèvres à lèvres…