Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/75

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belle : des cheveux où toutes les nuances de l’or étaient mêlées, des yeux comme des braises bleues, et je ne sais quoi de net et d’audacieux, dans l’expression du visage, qui en modernisait à l’extrême la régularité presque antique. Quant à Bertrand Fougères, il charmait par une grâce spirituelle et légère qui fleurait le temps des grands seigneurs et des petits abbés, et lui donnait l’air de porter un pourpoint plutôt qu’un veston. En sorte qu’il faisait un héros de roman présentable.

Mademoiselle Dax ne put s’empêcher d’en convenir en elle-même. Et quoique, du couple, Carmen de Retz, auteur des Filles de Loth et de Sans savoir pourquoi, fût incontestablement la personnalité la plus importante, ce fut Bertrand Fougères que mademoiselle Dax regarda davantage.

Il s’était d’ailleurs assis à côté d’elle, tandis que mademoiselle de Retz servait le thé. Madame Terrien causait toujours avec madame Dax, et lui révélait la véritable recette du café à la turque. Alice écoutait Fougères, qui s’était assis à ses pieds sur une pile de coussins.

Il ne disait rien de très remarquable. C’était de ces banalités souriantes que tout jeune homme débite obligatoirement à toute jeune fille qu’il voit pour la première fois. Mais Fougères donnait aux pires fadeurs du goût et du piquant, par le pittoresque et l’imprévu de son esprit, et par une fantaisie qu’il avait de faire des phrases on ne peut plus académiques avec des mots qui l’étaient beaucoup moins.