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chez les sauvages.

bien qu’en voyage on ne s’occupe pas de ces bêtises-là.

— C’est ennuyeux d’avoir le visage aussi noir que ça.

— Au contraire, tu feras peur à Mange-tout-cru, qui te prendra pour un diable.

— Tu crois ?

— J’en suis certain. Allons ! en route !…

— Dis donc, Mimile, si je suçais un peu mon sucre de pomme en marchant, rien que pour me faire bonne bouche ?

— Suce !… suce !…Tiens, le voici. »

Puis Mimile, qui avait hâte de prendre le grand air, ouvrit la porte de la cabane en poussant Charlot devant lui.

Jamais nos petits aventuriers, qui ne connaissaient que Paris, ne s’étaient trouvés devant un site aussi riant.

Ils regardaient, dans un ravissement impossible à décrire, les champs, les collines et les bois qui les environnaient de tous côtés.

Charlot en oubliait son sucre de pomme !

« Nous sommes dans un joli pays ! s’écria-t-il, et il y a une bonne odeur ici !

— C’est très-beau et ça sent très-bon ! répliqua Mimile.

— Est-ce que c’est déjà l’Amérique ? demanda Charlot.

— Je ne le crois pas.

— Papa m’a dit l’autre jour, en me montrant les buttes Montmartre, qu’elle était située au sud-ouest. Où est le sud-ouest ? Le sais-tu, Mimile ?

— Avec ça qu’il y a des girouettes par ici ! Mais attends donc… Ah que nous sommes bêtes !

— Oui, nous sommes très-bêtes, » répéta consciencieusement Charlot.