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la tribu des nez-rouges.

hâtant d’accrocher leur nez rouge, ainsi qu’il était d’usage dans les grandes occasions, se ruaient pêle-mêle du côté de l’appariteur. Ils étaient suivis par trois ânes verts et une demi-douzaine de chiens bleus. Ces deux espèces d’animaux étaient sans doute particulières à cette partie de l’Amérique.

« Aux épreuves ! aux épreuves !… » criait ; l’appariteur, tout en frappant à tour de bras sur son horrible instrument.

La foule n’eut pas plus tôt compris de quoi il s’agissait, qu’elle s’élança en poussant des cris de joie sur les traces de nos petits amis.

L’appariteur lui-même, remplissant son office, se mit à courir derrière eux.

Toute la tribu des Nez-Rouges voulait assister à une cérémonie qui n’avait lieu qu’à de rares intervalles.

Le grand chef qui avait provoqué cette solennité se trouvait là ; son os bleu était déjà replacé à sa ceinture. Une estafette, montée sur un âne, était allée le lui rapporter à bride abattue.

Il dominait la foule, non-seulement de toute sa hauteur, mais encore de la hauteur d’un vaste tronc d’arbre qui lui servait de piédestal.

Il avait placé Charlot, Mimile et Giboulot devant lui, et, d’un geste, fait reculer les assistants qui s’étaient par trop approchés.

Les six chiens bleus étaient venus se coucher à ses pieds ; quant aux trois ânes qui, avec la plus grande indiscrétion, persistaient à se maintenir au premier rang, il avait fallu les chasser à coups de gaule.