« Mousses !… comme nous courons le risque d’être attaqués par des bandits quelconques, je vais vous donner à chacun un fusil et vous apprendre à faire l’exercice. Vous pourrez, après cela, si l’occasion s’en présente, nous donner un coup de main au patron et à moi.
— Ce sera très-amusant ! s’écria Mimile… N’est-ce pas, Charlot ?
— Pas si l’on nous tue ! » répliqua Charlot.
Ce qui était assez singulier, c’est que Mimile, qui n’avait quitté la maison paternelle que pour aider à la guérison de Charlot, semblait, après ses premières hésitations, le plus déterminé des deux.
Le chauffeur, qui s’était éloigné un moment, revint avec trois fusils : un fusil de taille ordinaire et deux mousquetons. Il donna un mousqueton à Charlot, un à Mimile, et garda le fusil, afin de pouvoir indiquer les mouvements qu’il allait commander à ses mousses.
Mettant aussitôt l’arme au pied, il commença son métier d’instructeur en criant d’un ton bref :
« Placez-vous tous deux à côté l’un de l’autre, les coudes au corps, les talons réunis, le fusil à droite, posé à terre, la crosse contre le pied droit, le canon le long de l’épaule droite. »
Charlot et Mimile n’avaient rien compris à ces commandements débités tout d’une haleine, et ils avaient remué les bras et les jambes de droite à gauche dans une sorte d’ahurissement.
« Très-bien ! » dit le chauffeur, qui ne voulait sans doute pas les décourager.