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un drôle de voyage.

— Je jetterai le mien s’il est trop lourd, dit Charlot.

— C’est bon, c’est bon. En attendant, prends une anse du panier ; je vais prendre l’autre… Marchons. »

Ils n’avaient pas fait trois pas que Charlot se cognait le nez contre une branche d’arbre en poussant un cri.

« Tais-toi donc ; tu vas donner l’éveil aux brigands.

— C’est que mon nez me fait très-mal.

— Pense à autre chose. En voyage, est-ce qu’on pense à son nez !

— Tu me fais aller trop vite aussi, dit après quelques minutes le gros Charlot ; je suis tout essoufflé, j’ai trop chaud, je vais m’enrhumer.

— Arrêtons-nous un instant, dit tout bas Mimile ; il me semble que je vois quelque chose là, tout près.

— Quoi donc ?

— Un gros tas noir, là, sur la gauche.

— Si c’était une bête féroce ? dit Charlot effrayé.

— Ce serait tant mieux ; nous avons nos couteaux, et ce serait une bonne occasion pour s’en servir. Mais ça ne remue pas… avançons toujours… et tiens ferme le panier.

— S’il faisait clair encore, je tuerais bien un lion, mais quand on n’y voit goutte…

— Quel malheur ! je crois que ce n’est qu’une cabane, dit Mimile ; c’est égal, marchons dessus. »

Charlot était rassuré, mais il commençait à se faire traîner.

« C’est que tout ça est très-lourd, et je suis moins fort et moins leste que toi, murmura Charlot ; tu devrais penser à ça, Mimile. »