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Page:Fatio de Duillier - De la cause de la pesanteur.djvu/42

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de la Nature et ne conclurons nous pas, au contraire, qu’elle peut de même passer à des Vitesses infinies, infiniment plus grandes les unes que les autres.

Les supositions precedentes n’ont qu’a étre un peu changées, de maniere que l’on conçoive à travers de ces Paraboles une Ligne infinie, immobile parallele à la Tangente aux Sommets, et que toutes les Paraboles se meuvent uniformement vers cette Ligne jusques à ce qu’elle se confonde avec la Tangente. Et les Vitesses des Intersections de cette Ligne, avec les Paraboles, seront au dernier moment, infinies, et infiniment plus grandes les unes que les autres.

En faisant un Calcul de la Vitesse qu’une Matiere imperceptible donne à la Poudre et à un Boulet de Canon, je trouve, que son Action peut aisement étre 1600 fois plus forte, que celle de la Pesanteur ; quoique cette derniere vienne vraisemblablement d’un Mouvement trez rapide. La Vitesse de la Lumiere, quelque prodigieuse quelle soit n’est pas assez grande pour y faire ici beaucoup d’Attention.

Si l’Auteur de la Nature diminuoit tous les Corps, de Nôtre Monde visible, en conservant toutes les Proportions de leurs Figures, de leurs situations et de leurs Mouvemens, il ne nous seroit pas possible de nous apercevoir par aucun Artifice de cette Diminuation. Il en est de même s’il augmentoit, suivant la même Idée, tous ces corps. Et ces Diminutions ou Augmentations peuvent aller jusques à l’Immense, sans que néanmoins nous nous en apercevions encore en aucune maniere.

Ainsi il faut conclurre que les Grandeurs, que nous appellons finies, tiennent beaucoup comme tous les étres réels, de la Nature de l’Infini ; et quels marquent seulement le Genre de Grandeurs, aux quelles nous pouvons comparer es Corps et les Vitesses, qui nous sont sensibles ; et le Rang dans le quel l’Auteur à de la Nature nous à placéz.

Que si l’Unique secret pour faire disparoitre la Resistence au Mouvement, se trouve de soi même dans la suposition que l’Univers soit presque vuide de Matiere ; que peut il rester, qui nous retarde encore, et qui nous empeche de concevoir, dans un Espace si libre, des Mouvemens proportionez à la Puissance de l’Auteur de l’Univers. Enfin les Phenomenes de la Pesanteur ne peuvent étre expliquez mechaniquement, que par des Vitesses qui soient infiniment plus grandes que les Vitesses qui nous sont ordinairement connues. Et autant qu’il est probable qu’il y a une Cause mechanique de la Pesanteur, dans le même Degré il devient vraisemblable qu’il y ait des Vitesses immenses.

La Rareté des corps terrestres tombe sous le même genre que les grandeurs et les Vitesses ; et rien n’empeche qu’elle ne puisse étre immense. l’Or le plus dense de tous les Corps, qui sont ordinairement connus, se laisse penetrer de touts Parts, comme en un Moment par le Mercure, qui est aussi le plus dense à de tous les Corps aprez l’Or. Il se laisse penetrer par les Eeaux regales. Il se fond au feu par les Miroirs ardens. Et comment ce la se peut-il concvoir, à moins que l’Or n’ait des Pores trez ouverts ? il se laisse traverser avec une