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Page:Fatio de Duillier - De la cause de la pesanteur.djvu/9

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les Tuiaux beaucoup plus longs. On ne peut raisonablement attribuer un tel effet qu’a l’Agitation de cette Matiere, et à ce qu’elle frappe avec plus de liberté sur la surface du Vif-Argent qui è à decouvert, que sur la surface du Vifargent, qui est enveloppée et touchée deprez par le Verre.

Cette Matiere ne contribue encore rien de sensible à la cause de la Pesanteur. Les Phenomenes de l’Aiman, du Feu, de la Flamme, et même de la Chaleur réglée, qui s’entretient dans les Corps terrestres, nous conduisent a la Connoissance de quelques autres Matieres fort rares et fort agitees. Enfin la Matiere, qui produit la Pesanteur, doit étre la plus agitée et peut étre la plus rare de toutes.

Les Particules de tous les Ordres, excepté le dernier s’attirent plus ou moins les unes les autres, en Vertu de la Pesanteur, qui se forme autour d’elles. Les Parties infiniment dures du premier Ordre, formeront autour d’elles, si on suppose qu’elles n’aient point de Ressort, une grande Pesanteur, et s’attireront beaucoup les unes les autres. Car si elles étoient dispercées, parmi les autres Matieres, elles devoient souvent se rencontrer et se joindre. L’ors que deux de ces Parties se choqueroient directement, elles ne rejoilliroient point, mais e demeureroient collées l’une et l’autre. Dans les chocs obliques elles ne rejoilliroient point non plus mais garderoient seulement le Mouvement lateral. Les Parties élastiques du premier ordre, quand même on les supposeroit presque parfaitement elastiques, ou qu’on joindroit inseparablement leur Ressort reciproque parfait avec la Dureté parfaite, mais sur tout, si leur Ressort n’est pas parfait ou peut étre si elles sont seulement pliantes, attirent aussi un peu toute la Matiere, qui est autour d’elles excepté celle du dernier ordre, qui peut bien rendre les autres attractives, mais qui ne peut étre attirée elle même. Quand ces Parties elastiques sont choquées, leur Ressort agit et fait son efet, selon qu’il est plus ou moins parfait. S’il est trez parfait, à parler suivant les Idées ordinaires il ne se perd point de Mouvement ; ou plûtot il s’enperd ou il se produit au contraire plus de Mouvement, c’est par des Raisons, qui ne sont pas particulieres à mes Hypotheses. Et les Parties, qui ont cette Proprieté, ne sont attractives, qu’en vertu de leur frequentes secousses, de leurs Fremissemens, de Mouvemens Circulaires qu’elles produisent et des Mouvemens entremêlez, qui s’existent entre elles, et qui par la Longueur du Tems, et la Resistence des autres Matieres moins agitées s’affoiblissent et s’etoufent, à mesure que, d’un autre côté, ils se renouvellent incessamment par des nouveaux chocs. Comme les Parties du dernier Ordre ne sont point attirees, elles n’attirent point aussi. Si on sépare le Ressort de la Dureté parfaite, elles peuvent s’arrêter, ou en se rencontrant directement entre elles, Ã ou en rencontrant les Parties infiniment dures du premier Ordre, ou même des Ordres moiens : Mais le moindre effort les détache. Rien n’empêche, comme je l’ai dêja insinué, qu’il n’y fait des Particules infiniment dures dans les Ordres moiens : et elles pourront aussi s’assembler entre elles, et avec les Parties dures des autres Ordres excepté le