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VANA-PARVA.

force ; mais cette passion fut placée dans l’homme pour la perte du monde. 1086.

» L’homme, de qui la marche est convenable, abandonne toujours la colère : ne pas s’écarter de son devoir est ce qu’il y a de mieux ; la colère s’en écarte toujours : telle est la décision. 1087.

» S’il n’y a de transgression que dans les hommes sans pensée et sans jugement, comment pourra-t-elle être, femme irréprochable, dans une personne de ma sorte ?

» S’il n’y avait pas entre les hommes des esprits patients à régal de la terre, la paix ne pourrait subsister parmi les hommes ; car la guerre a pour sa racine la colère. 1088-1089.

» On répondrait à l’invective par l’invective, on répondrait par les coups aux coups d’un homme fort ; ainsi arriverait la perte des créatures et le vice se répandrait sur la terre. 1090.

» L’homme maudit maudirait ; frappé, il frapperait à son tour ; il nuirait à quiconque lui aurait nui. 1091.

» On verrait les pères tuer leurs fils et les fils tuer leurs pères ; les époux donneraient la mort à leurs épouses, et les femmes à leurs maris. 1092.

» Dans cette exaspération du monde, la naissance n’aurait pas lieu ; car, sache-le, femme au charmant visage, la paix est la racine de la naissance des êtres. 1093.

» Toutes les créatures, Draâupadî, périraient bientôt dans un tel état de choses. La colère est donc pour la ruine et le non-être des créatures. 1094.

» C’est parce que l’on voit des hommes patients dans le monde à l’égal de la terre, qu’on obtient la naissance et l’existence des êtres. 1095.