Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/359

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À ces mots, le saint roi, à l’aide d’une vigoureuse pénitence, fit passer alors sa vieillesse à son magnanime fils.

Le monarque rentra dans la jeunesse avec la fraîche adolescence de Poûrou, et celui-ci régna, chargé des années d’Yayâti. 3167-3168-3169.

Ensuite ce tigre dans le genre des rois, cet Yayâti, qui avait la vigueur d’un tigre, demeurant, au bout de mille années, non encore vaincu par la vieillesse, 3170.

Après qu’il eut goûté long-temps la volupté avec ses épouses et qu’il se fut ébattu en outre, accompagné de Viçvatchî, dans les bosquets du Tchaîtraratha, Yayati à la vaste renommée n’était pas arrivé à la satiété de ses désirs. Cette pensée frappa son esprit et, sire, il chanta ces couplets : 3171-3172.

« Le désir ne s’éteint jamais par la jouissance des choses désirées : au contraire, son ardeur augmente, comme celle du feu sacré, quand on y verse le beurre clarifié. 3173.

» La terre pleine de gemmes, l’or, les troupeaux, les femmes, tout cela n’est point assez pour le cœur d’un seul homme ! Que cette pensée le mène donc à la quiétude.

» Si jamais il ne fait aucun mal à nul de tous les êtres, ni en pensées, ni en paroles, ni en actions, il obtient l’unification avec l’Être absolu. 3174-3176.

» S’il ne connaît pas la crainte, s’il n’inspire de crainte à personne, s’il n’a même ni désir, ni haine, c’est alors seulement qu’il obtient l’unification avec l’Être absolu ! »

Il dit ; et le roi, devenu sage, ayant vu l’inanité des plaisirs et corrigé son âme par la réflexion, se hâta de reprendre sa vieillesse à son fils. 3176-3177.

Il rendit la jeunesse à Poûrou, le fit sacrer pour le trône.