Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 10, 1870.djvu/298

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Il étendit sa corde, banda son arc Gàndiva, le tint pour la mort de Karna et dit ces mots à Kéçava : 3,752.

« Grâce à ta protection, ma victoire viendra pour sûr du Gândîva ; sois-moi favorable, toi, qui es l’auteur de ce qui fut et qui sera dans le monde. 3,753.

» Quand tu es mon compagnon, Krishna, je plongerais dans la mort les trois mondes réunis : à plus forte raison, enverrai-je à l’autre monde Karna dans ce grand combat !

» Je vois l’armée des Pântchâlains, qui fuit, Djanârddana : je vois Karna, qui se promène sans crainte dans la bataille. 3,755-3,755.

» Je vois flamboyer de tous les côtés, Krishna, rejeton de Vrishni, l’astra de Bhrigou, lancé par l’Adhirathide, comme la foudre déchaînée par Indra. 3,756.

» Tant que la terre portera des créatures, elles raconteront, certes ! ce combat, où Karna va tomber aujourd’hui sous mes coups ! 3,757.

» Aujourd’hui, les traits homicides, lancés par ma main et sortis du Gândîva, conduiront l’Adhirathide à la mort.

» Aujourd’hui, le roi Dhritarâshtra méprisera la pensée éclose en lui-même, qui lui fit sacrer sur le trône Douryodhana, indigne de posséder un royaume ! 3,768-3,759.

» Aujourd’hui, Dhritarâshtra déposera pour ses fils l’agréable perspective de la ville, du royaume, du plaisir et de la puissance[1]. 3,760.

» Aujourd’hui, quand j’aurai immolé Karna, Douryodhana sera sans espérance pour le royaume et pour sa vie : je te dis là une vérité, Krishna, 3,761.

» Aujourd’hui, l’on verra, blessé par mes flèches, Karna,

  1. Râdjyât, écrit l’édition, après avoir dit râshtât.