» Vaçishtha dit :
« J’entends que tu pousses, ma belle vache, mainte et mainte fois des mugissements. Tu es enlevée de force, noble Nandinî, par Viçvâmitra ; mais que puis-je faire ici ? car je suis un brahme, voué à la patience. » 6672.
» Sous la peur de ces troupes d’hommes, et troublée par la crainte de Viçvâmitra, Nandinî se rapprochait toujours plus de Vaçishtha. 6673.
« Ta révérence, lui dit la vache, ne me voit-elle pas frappée avec des bâtons et le bout des fouets par ces épouvantables cohortes de Viçvâmitra, et n’entend-elle pas que je pousse des cris comme une abandonnée ? » 6674.
» Le grand anachorète ne s’émut point alors des cris, « que poussait, des violences, que souffrait sa Naiidinl ; et, ferme dans ses vœux, il n’abandonna point le devoir. 6675.
» L’emportement est la force des kshatryas, mais la patience est la force des brahmes, répondit Vaçishtha : en moi réside la patience ; elle te permet d’aller avec eux, s’il te plaît. » 6676.
« Révérend, est-ce que tu m’abandonnes, reprit la vache, quand tu parles de cette manière ? Abandonnée par toi-même, il serait encore impossible qu’on réussît à m’emmener de force. » 6677.
« Je ne t’abandonne pas, noble quadrupède, lui répondit Vaçishtha : reste, si tu peux ; mais voici ton veau, qu’on emmène de force, lié d’une corde solide. » 6678.
» À peine eut-elle entendu ce mot de Vaçishtha ; « Reste ! » la vache, courbant sa tête et son cou en l’air, parut d’un aspect épouvantable. 6679.
» Les yeux rouges de colère, poussant un son renflé de