» Mais le fleuve rompit ses liens, ô toi, qui moissonnes les armées ennemies, et rejeta, étendu sur le rivage, le pénitent libre de ses entraves. 6749.
» Ensuite le grand saint, affranchi de ses liens, traversa la rivière, à laquelle, en mémoire de cet événement, il donna le nom de Vipâçâ, c’est-à-dire, ta Déchaînante.
» Il replongea son esprit dans le chagrin, mais il ne resta point dans un seul et même lieu, il parcourut des montagnes, des fleuves et des lacs. 6750-6751.
» Il revit alors cette rivière des saints, l’Haimavatî, et se laissa tomber dans ses épouvantables ondes, pleines de crocodiles en fureur. 6752.
» Mais, considérant que c’était un brahme, semblable au feu, la noble rivière se divisa pour fuir en cent canaux et fut appelée, en souvenir du fait, la Çatadrou. 6753.
» Quand il se vit couché là dans ce lit mis à sec de la rivière : « Je ne puis donc, s’écria-t-il, me donner la mort ! » et, ces mots dits, il regagna son hermitage. 6754.
» Après qu’il eut parcouru différentes montagnes et mainte espèce de pays, il fut suivi en son hermitage par une femme, appelée Adriçyantî. 6755.
» Il entendit par hasard derrière lui un murmure de récitation des Védas, ornée des six Angas, avec une intelligence parfaite du sens. 6756.
« Qui est-ce qui me suit là ? » demanda-t-il. « C’est moi ! » lui répondit sa bru Adriçyantî. C’était, éminent prince, une femme anachorète, vouée à la pénitence, épouse et veuve de Çaktri. 6757.
« Ma fille, reprit Vaçishtha, de qui donc est cette voix, que j’entends lire les Védas et les Védângas ? tel j’ai ouï Çaktri jadis lire ainsi la sainte Écriture. » 6758.