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ADI-PARVA.

» Un jour qu’il cherchait sa nourriture, consumé par la faim, épuisé de fatigue, il vit dans un certain bois solitaire 6896.

» Un brahme et une brahmanî entre-unis dans un embrassement, qui s’enfuirent, pleins d’épouvante à sa vue, n’ayant pas satisfait leur désir. 6897.

» Dans la course de l’un et de l’autre, le monarque arrêta le brahme, malgré sa résistance, et, voyant pris son époux, la brahmanî lui tint ce langage : 6898.

« Écoute, roi fidèle à tes vœux, les paroles, que je vais te dire ! Tu es né dans la race du soleil et tu es célèbre dans les mondes. 6899.

» Attentif et ferme dans le devoir, trouvant du plaisir dans l’obéissance à ton directeur, ne veuille pas encore, inaffrontable roi, te souiller d’un crime, toi, qui es déjà sous le coup d’une malédiction. 6900.

» Tourmentée de voir mon époux affligé du malheur de la stérilité, le jour de mes règles arrivé, je m’unissais avec lui, dans l’espérance d’un fils, quand tu nous empêchas de parvenir au but. 6901.

» Fais-nous grâce, ô le plus éminent des rois, et lâche mon époux ! » Mais tandis qu’elle lui criait encore ces mots, il dévora sans pitié son mari, comme un tigre affamé dévore une gazelle long-temps désirée. 6902.

» Les pleurs, que la colère, dont elle était possédée, fit tomber de ses yeux sur la terre, de se changer tout à coup en un feu allumé, qui incendia cette contrée. 6903.

» Alors, consumée de chagrin, déchirée par le malheur de son époux, la brahmanî, dans sa fureur, de maudire le saint roi Kalmâshapâda : 6904.

» Parce que tu as dévoré impitoyablement, sous mes