d’un volume je ne ressente pas trois ou quatre fois un instant de fatigue, une sorte de dégoût et comme un regret de mon entreprise ; mais ce sont là de légers nuages, que le souffle du vent a bientôt chassés de mon ciel toujours serein.
Une fois, par exemple, c’était un dimanche !… Ces jours-là, je ne sors pas de chez moi. Le magnifique parc du collège est rempli de pères et de mères d’élèves, qui viennent y passer avec leurs enfants une partie de ce jour donné au repos. D’un autre côté, le petit bois, à un demi-kilomètre de Juilly, reçoit la visite de quelques promeneurs, soit isolés, soit en famille, et comme mes solitaires promenades sont toujours occupées de travail, je n’aime pas à présenter l’aspect d’un rêveur, qui semble chercher, aux yeux des personnes renfermées dans le fonds commun de la vie, à toucher la lune au bout de sa main.
Je venais de corriger une épreuve : « Eh bien ! me dis-je ; aujourd’hui, c’est congé aussi pour moi ! Je lirai donc pour finir ma journée. » Je monte à ma bibliothèque et je prends un livre : c’était le Voyage sentimental, de Sterne. Je l’ouvre et, de page en page, j’arrive à la dernière. Là, je me demande le nom du traducteur ; je pense l’avoir oublié et je le cherche au frontispice. Il ne s’y trouve pas ! Je le cherche au bas de l’avertissement, je le cherche au-dessus et au-dessous de la notice sur l’auteur du Voyage sentimental : il n’y est pas davantage !