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LE MAHA-BHARATA.

» À ces mots, l’anachorète tomba dans la rêverie et s’assit, les sens émus, à l’ombre de cet arbre, qui était un manguier. 703.

» Un perroquet mordit alors une mangue desséchée et fit tomber ce fruit dans le sein du solitaire assis. 704.

» Le vertueux moine prit la mangue, qu’il charma en la portant à son cœur, et donna au roi ce fruit merveilleux, qui renfermait la cause, d’où allait naître ce fils désiré. 705.

» Le grand anachorète à la grande science dit au roi : « Va-t-en, sire ! Tes vœux sont exaucés : retourne en ton palais, souverain des hommes ! » 706.

» À ces paroles de l’hermite, le sage monarque d’incliner sa tête aux pieds du solitaire et de s’en revenir à sa demeure. 707.

» Alors, quand il eut reconnu le moment opportun, le bon roi donna, taureau des Bharatides, le fruit à ses deux épouses. 708.

» Ces illustres dames, l’ayant divisé par le milieu, en mangèrent chacune la moitié pour les conséquences futures de la chose et par la vérité inhérente aux paroles du solitaire. 709.

» Un jeune être, dont le fruit mangé était la cause, naquit en elles ; et le roi, qui les vit enceintes, ressentit une joie suprême. 710.

» Ensuite le temps ayant amené, docte roi, le moment naturel des couches, elles mirent au monde chacune la moitié d’un enfant. 711.

» À l’aspect de ces deux portions d’un même corps, dont chacune avait un seul œil, un seul bras, une seule fesse, une seule jambe, la moitié d’un ventre et d’une bouche, un tremblement d’épouvante les agita l’une et l’autre.