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LE MAHA-BHARATA.

« Ou je me précipiterai dans le feu, ou je boirai du poison, ou je me noierai dans les eaux ; car il m’est impossible de vivre ainsi. 1692.

» Quel homme dans le monde, s’il a du cœur, peut supporter de se voir dans l’indigence à côté de ses ennemis, qui prospèrent ! 1693.

» Je ne suis point un homme…, pas même ce qui est moins qu’un homme ! Je ne suis point une femme,… pas même ce qui est moins qu’une femme, moi, qui supporte de voir une fortune élevée à un si haut degré ! 1694.

» Témoin d’une telle domination sur toute la terre, d’une telle opulence, d’un tel sacrifice, quel homme, s’il est de ma condition, n’en aurait pas la fièvre ! 1695.

» Je suis incapable, réduit à moi seul, d’enlever au puissant roi cette immense fortune, et je ne me vois aucun allié : ma pensée se tourne donc vers la mort. 1696.

» Il me semble que le Destin est tout et que le courage n’est rien, quand je vois cette prospérité éclatante et comme la fortune elle-même dans le fils de Kountî. 1697.

» Jadis, fils de Soubala, j’ai déployé mes efforts pour le détruire ; mais, échappé à tout, il a cru dans ces périls comme un lotus au milieu des eaux. 1698.

» Oui ! à mon avis, le Destin fait tout et le courage ne fait rien, puisque les Dhritarâshtrides continuellement descendent et que les enfants de Kountî montent sans cesse ! 1699.

» Au souvenir d’une telle fortune, d’un tel palais, de ces moqueries des gardes, je suis brûlé, comme par le feu.

» Maintenant, frère de ma mère, laisse-moi aller avec ma cruelle douleur, et annonce à Dhritarâshtra quelle colère s’est emparée de moi. » 1700-1701,