prit méchant, qui veut manger votre chair, ô vous, qui ressemblez à des Immortels. 5951.
» Mais, à la vue de ta splendeur égale à celle d’un enfant des Dieux, je n’ai plus aucune envie qu’un autre soit mon époux : je te le dis en vérité. 5952.
» Maintenant que je t’ai fait cet aveu, suis une conduite assortie à mon égard : aime-moi comme je t’aime, moi, de qui l’amour a blessé le corps et l’âme. 5953.
« Je te sauverai du Rakshasa anthropophage ; nous habiterons sur les flancs inaccessibles des montagnes : sois mon époux, homme sans péché ! 5954.
» Je vole au milieu des airs ; je me promène où il me plaît : jouis donc en tous lieux d’un bonheur incomparable avec moi. » 5955.
« Comment abandonnerais-je ma mère, lui répondit Bhîmaséna, mon frère aîné et ces trois autres, que voilà endormis ? Est-il un homme puissant, Rakshasî, qui pourrait commettre ici dans un tel moment un tel abandon ?
» Est-il dans ma condition un homme, qui s’en irait, comme hâté par l’aiguillon de l’amour, livrant aux festins du Rakshasa sa mère et ses frères endormis ? » 5956-5957.
» Je ferai ce qui t’est agréable, repartit la Rakshasî. Réveille-les tous ! je veux bien les sauver de ce Rakshasa, qui mange les hommes. » 5958.
« Rakshasî, lui dit Bhîma, la crainte de ton frère à l’âme cruelle ne me fera point réveiller ma mère et mes frères, qui goûtent dans ce bois les douceurs du sommeil.
» En effet, les Rakshasas, femme timide, ne sont pas capables de résister à ma vigueur, ni les enfants de Manou, ni les Candharvas, ni les Yakshas, dame aux yeux charmants. 5959-5960.