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SABHA-PARVA.

« Prends la servante Krishnâ, fit-il ; et amène-la. »

Celui-ci traîna donc au milieu de l’assemblée cette chaste femme tremblante, pleine de confusion, qui appelait en gémissant les Pândouides. 2338-2339.

« Attends un moment, criait-elle, insensé Douççâsana, le plus abject des hommes, le dernier outrage, qui reste à faire, ne me sera pas infligé en présence de ces nobles personnes ! 2340.

» Je suis troublée ! je suis entraînée de force par cet homme vigoureux !… Je fais ma révérence dans l’assemblée des princes de Kourou … On ne me fera pas une offense à moi, qui n’ai offensé personne ! » 2341-2342.

» Secouée par lui douloureusement, la vertueuse dame, qui ne méritait pas cet outrage, tomba et gémit cette plainte au milieu dé la salle : 2343.

« Moi, que les rois jadis rassemblés dans un amphithéâtre ont vue dans la cérémonie d’un swayamvara et qui jamais n’avais été vue ailleurs, me voici maintenant exposée aux yeux dans cette assemblée. 2344.

» Moi, que jamais avant ce jour ni le vent, ni le soleil ne virent dans mon palais, voici que je suis montrée au milieu d’une salle dans une assemblée d’hommes. 2345.

» Moi, que jamais avant ce jour les fils de Pândou ne laissèrent toucher au vent dans le sein d’une maison, ils souffrent maintenant qu’un homme vil porte la main sur moi ! 2346.

» Mais, si les princes de Kourou, supportent que leur bru, que leur fille soit opprimée, elle, indigne d’un semblable traitement, c’est parce que l’opposition du temps, à mon avis, les y contraint ! 2347.

» N’est-ce pas une chose plus déplorable encore qu’on