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LE MAHA-BHARATA.

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Quand Arjouna vit Bhîma harassé de fatigue par le Rakshasa, il jeta ces paroles à son frère, en les accompagnant d’un rire assez lent : 6023.

« Ne crains pas, Bhîma aux longs bras, dans la fatigue, qui t’accable : nous ne savions pas que tu en étais venu aux mains avec un Rakshasa aux formes épouvantables.

» Je me tiens ici pour te seconder, fils de Prilhâ : je ferai mordre la poussière à ce Rakshasa, tandis que Nakoula et Sahadéva resteront à la défense de notre mère ! » 6024-6025.

« Assieds-toi et regarde, lui répondit Bhîma ; n’aies aucune peur, car c’en est fait à jamais de la vie pour ce monstre, qui est venu s’engager dans mes bras ! » 6026.

« À quoi bon, reprit Arjouna, laisser vivre plus longtemps ce criminel Rakshasa ? Il est impossible de s’arrêter en chemin, quand il faut marcher, ô toi, qui domptes les ennemis ! 6027.

» Avant que l’orient ne rougisse, avant que l’aurore ne commence, c’est le moment terrible, où les Rakshasas ont le plus de force. 6028.

» Hâte-toi, Bhîma ! ne badine pas : tue l’épouvantable Rakshasa ! Avant qu’il ne déploie sa magie, mets en œuvre la vigueur de tes bras. » 6029.

À ces mots d’Arjouna, Bhîmaséna, flamboyant, pour ainsi dire, de colère, usa d’une force égale à celle du Vent dans la destruction du monde. 6030.

Il enleva dans sa fureur le corps de ce Démon pareil aux nuages et le fit rouler dans l’air précipitamment une centaine de fois. 6031.

Bhîma dit : « Le crime t’a nourri de chair humaine, le crime t’a engraissé, le crime est ta pensée, le crime t’a