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ADI-PARVA.

» Sauve-toi, homme vertueux, et pour nous, et pour le devoir, et pour ta race : abandonne-moi, puisqu’il t’est permis de m’abandonner. 6195.

» Ne laisse pas échapper ce moment pour l’exécution d’une chose qui doit nécessairement se faire. Toi une fois entré dans le Swarga, il nous faudrait, à nous infortunés, courir sans cesse à la ronde, sollicitant notre nourriture de la charité des autres, ce qui est la plus grande des souffrances ; mais, si je puis te mettre hors de peine et te sauver de cette infortune avec tes parents, moi, alors, comme une Immortelle dans le monde, je verrai le bonheur suivre mes pas ! 6196-6197.

« Grâce au sacrifice de ma vie, l’onde offerte par toi satisfera, comme il nous fut enseigné, les Dieux et les Mânes. » 6198.

Après qu’ils l’eurent ouï exhaler ces lamentations et d’autres encore de mainte sorte, continua le narrateur, le père, la mère et la jeune fille elle-même de pleurer tous les trois. 6199.

Alors ce petit garçon, les voyant tous fondre en larmes, dit avec une voix à peine articulée et ses yeux tout grands ouverts : 6200.

« Ne pleure pas, mon père I ni toi, mère ! ni toi, sœur I » En parlant ainsi, il s’en allait souriant vers tous, passant de l’un à l’autre. 6201.

Puis, ayant pris une touffe de gazon, il ajouta hardiment : « Cela me suffit pour tuer le Rakshasa anthropophage ! » 6202.

À ces mots de l’enfant, une grande joie naquit au sein des trois éplorés, tout enveloppés qu’ils fussent par la douleur. 6203.