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VANA-PARVA.

voulant brûler mes bras, tu en fus empêché par Phâlgouna, tu ne devais pas faire une action héroïque, quelle mauvaise action aurait donc eu lieu dans ce moment ?

» Avant même, quand on fit les conditions du jeu, que tu connaissais bien, pourquoi n’as-tu pas alors parlé de courage, et viens-tu ensuite, saisissant l’occasion, m’en parler maintenant avec cette abondance de paroles ?

» Ma peine est extrême ; je suis agité, Bhîmaséna, comme si j’avais bu une liqueur empoisonnée. On a vu Yajnasénî environnée de peines, as-tu dit, et on l’a supporté ! 1369-1370-1371.

» Mais aujourd’hui que tu as fait ce qui était possible, Ô le plus grand des Bharatides, attends, comme le semeur des grains attend la maturité des fruits, le moment, qui fut dit au milieu des héros de Kourou, où doit se lever le plaisir. 1372.

» Quand, sachant qu’on l’a persécuté d’abord, l’homme arrache courageusement l’inimitié avec ses fleurs et ses fruits, il acquiert une grande Vertu et vit héros dans le monde des vivants. 1373.

» Il obtient dans le monde une félicité complète, à mon avis ; ses ennemis s’inclinent devant lui ; et tel que les Dieux sont soumis à Indra, tels des amis viennent bientôt lui offrir des hommages. 1374.

» Écoute ma promesse vraie : je préfère le devoir à une vie immortelle. La fortune, la renommée, des fils, un royaume, tout, en un mot, ne vaut pas une kalâ[1] de la vérité ! » 1375.

  1. Un seizième du diamètre de la lune ou une division du temps, égale à huit secondes.