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SABHA-PARVA.

» Il en sera ainsi ! » répondit la reine, qui sortit, les cheveux détachés, vêtue d’une seule robe, teinte dans la couleur du safran et les yeux troublés par l’eau, qui ruisselait de ses paupières. 2592.

Prithâ suivit les pas de sa bru, poussant des cris d’angoisse et vit tous ses fils vêtus d’habits, dont les parures étaient enlevées, les membres couverts sous des peaux d’antilope, baissant un peu la tête de confusion, environnés d’ennemis joyeux, et pleurés de leurs amis. 2593-2594.

Poussée de la plus vive tendresse, elle s’avança vers tous ses fils, réduits à cette condition, les embrassa et, répandue en lamentations, prononça de telles et telles paroles : 2596.

« Comment l’infortune vous a-t-elle visités, vous, de qui la vertu pure avait réglé les mœurs, vous, princes au cœur noble, à la dévotion ferme, qui aviez pour objet principal les sacrifices des Dieux et faisiez votre parure de la constance dans une bonne conduite ! Quelle est cette adversité du sort ? De qui l’esprit a-t*il conçu la mauvaise pensée, dont le péché met cette infortune sous mes yeux ? 2596-2597.

» Mais la faute est sans doute celle de ma destinée, moi, qui vous ai enfantés pour manger jusqu’à satiété la misère du chagrin, quoique doués des plus hautes qualités. 2598.

» Comment habiterez-vous dans la forêt, au milieu de ces fourrés inextricables, abandonnés de vos prospérités, réduits à la maigreur, vous, si riches de splendeur, de force, de vigueur, de courage et d’énergie ? 2599.

» Si j’avais bien su que votre habitation dans les bois