Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 2.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
ADI-PARVA.

haine vous ayant séparés de moi, j’irai chercher de nouveaux ritouidjs pour diriger mon sacrifice. » Le prince, une fois ces mots prononcés, garda le silence. 8111-8112.

Reconnaissant qu’ils n’avaient plus sur le monarque la puissance nécessaire à la conduite de son entreprise, les sacrifiants irrités dirent à l’invincible et vertueux souverain : 8113.

« Tes actes religieux, ô le grand des rois, n’ont aucun relâche, par conséquent nous sommes fatigués, nous, qui avons continuellement à en soutenir le poids. 8114.

» Écoutant le délire de tes pensées et mettant la précipitation en estime, ne veuille pas nous abandonner, roi sans péché, nous, que cette fatigue accable. 8115.

» Mais rends-toi aux pieds de Roudra, il prêtera son assistance à ton sacrifice ! » À peine eut-il entendu ces paroles de blâme, le roi Çwétaki 8116.

Dirigea ses pas vers le mont Kaîlâsa et s’y livra à de terribles pénitences. Il s’y tint long-temps, sire, les sens domptés, voué au jeûne, irréprochable en son vœu, cherchant à se concilier Mahâdéva. 8117.

Il prenait de la nourriture, soit des racines, soit des fruits, tantôt le douzième, tantôt le seizième jour. 8118.

Le roi Çwétaki se tenait, les bras levés en l’air, sans cligner les yeux, immobile comme un pieu : il resta dans cette attitude six mois avec recueillement. 8119.

Çankara vit avec la plus grande joie, rejeton de Bharata, ce tigre des rois, qui se mortifiait ainsi dans cette rude pénitence. 8120.

« Je suis content de tes mortifications, invincible monarque, lui dit-il : choisis, prince, s’il te plaît, une grâce, que tu veuilles obtenir. » 8121.