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LE MAHA-BHARATA.

En vain Bhîma se leva-t-il en sursaut mainte et mainte fois, l’autre ne s’en inquiéta pas davantage qu’un lion irrité ne pense à une gazelle. 1489-1490.

Voyant la colère de Bhîmaséna aux effrayants exploits, l’auguste roi de Tchédi lança en riant ces paroles : 1491.

« Lâche-le, Bhîshma ! Que ces monarque le voient tous consumé à l’instant par ma puissance, comme une sauterelle par le feu ! » 1492.

À ces mots du roi de Tchédi, Bhîshma, le plus grand des Kourouides et le plus excellent des êtres, doués de l’intelligence, tint ce langage à Bhîmaséna : 1493.

« Au moment, où ce prince, jadis à trois yeux et à quatre bras, naquit dans la famille du roi de Tchédi, il poussa des cris et forma des sons pareils aux braiements d’un âne.

» À ce bruit, son père et sa mère de trembler avec tous leurs parents ; et, voyant ce qui faisait de lui un objet de répulsion, ils pensèrent à l’abandonner ! 1494-1495.

» Alors une voix, non formée dans un corps, s’adressant au roi, le cœur défaillant par le trouble de ses pensées, articula ces mots devant son épouse, ses ministres et son archibrahme ; 1496.

« Roi des hommes, c’est ton fortuné fils, qui vient de naître avec une force éminente ; il ne faut donc pas que cela t’épouvante. Veille sans trouble sur ton nourrisson !

» Certes ! ni la Mort, ni Kâlane menacent ton fils de longtemps, roi des hommes ; mais un jour la Mort, armée d’un javelot, se lèvera pour lui donner la mort ! » 1497-1498.

» À peine eut-elle ouï ces mots, qu’exprimait une cause invisible, la mère dit, consumée par sa tendresse pour son fils : 1499.

« Qui vient de prononcer sur mon fils ces paroles ? Je