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SABHA-PARVA.

princes assemblés, aucun de ces rois de la terre ne lui répondit un seul mot, ou bon ou mauvais. 2267.

Alors qu’il eut répété maintes fois, mais en vain, cette demande à tous les rois, Vikarna, frottant avec force l’une de ses mains contre l’antre, s’écria en soupirant :

« Dites-moi une parole, souverains de la terre, ou ne m’en dites pas ; mais ce que je vais dire, fils de Kourou, est conforme, je pense, à la droite raison. 2268-2269.

Il y a quatre défauts, ont dit les plus sages des hommes, contre lesquels doivent se garder les rois : la chasse, le vin, les dés et l’intempérance du sommeil. 2270.

» Car l’homme, attaché à ces plaisirs, et dans la négligence de son devoir, et le monde ne croit pas que, lié de cette manière, il puisse accomplir sa mission. 2271.

» Une de ces passions commande en maîtresse au fils aîné de Pândou : aussi provoqué par les joueurs, mit-il pour enjeu cette vertueuse Draâupadî, épouse commune de tous les Pândouides ; mais, quand il risqua cet enjeu, il avait déjà perdu sa personne. 2272-2273.

» C’est le fils de Soubala, qui le premier, non rassasié de jouer, a parlé de Krishnâ. Quand j’ai bien promené ma pensée sur toutes ces circonstances, il me vient à l’esprit qu’on peut contester la validité de sa conquête. » 2274.

À ces mots une grande rumeur s’éleva parmi les membres de l’assemblée, qui approuvaient l’opinion de Vikarna et blâmaient le fils de Soubala. 2275.

Aussitôt que le bruit se fut calmé, Râdhéya, plein de colère, éleva son bras luisant et prononça ces paroles : « Les changements ne sont pas rares à voir dans les opinions de Vikarna : il est né pour la destruction de sa fa-