Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

128
à la brunante.

venir en aide à sa mère. Voyons, M. Fraser, laissez-vous attendrir !

— Mais, mon ami, si j’écoutais ainsi tout le monde, il me faudrait fermer boutique avant la fin de la semaine. Pour ne pas me ruiner, j’ai dû établir une règle sévère, et je ne puis m’en départir.

— Allons ! M. Fraser, un peu de pitié pour l’amour de Dieu : je n’ai pas d’autre garantie à vous donner que ma parole ; mais soyez sûr qu’elle vaut celle du Roi de France, et mort ou vif je vous payerai ce que vous allez m’avancer !

— Si je savais que tu serais discret je ne dis pas encore ; mais en route, on parle ; il faut bien se vanter un peu quand on n’a plus rien à se dire, et ce que je ferais pour toi, il me faudrait le faire pour d’autres. À ce compte, toute transaction serait impossible, et il n’y aurait pas de commerce pour tenir debout pendant six mois.

— Voilà les bateaux qui partent : allons ! un bon mouvement, M. Fraser ; je n’en dirai rien, je vous le promets.

— Mais si tu allais te noyer en route, Martial ?

— Je vous l’ai dit, M. Fraser ; mort ou vif, je vous paierai.

Mon oncle Augustin était un brave homme au fond. Il décrocha proprement ce que Dubé lui avait demandé, en fit soigneusement un paquet et le lui mit sous le bras, tout en lui versant un verre de rhum.