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la femme à l’aiguille.

que cette femme venait de faire mourir avec une piqûre d’aiguille.

Pendant cinq minutes il garda un long silence qui valait à lui seul bien de ces larmes que l’on croit venir du cœur ; puis, brisé par l’émotion, il baisa respectueusement la main qui venait de tuer sa jeunesse, et s’enfuit comme un fou à travers le parc.

Le soir il s’affaissait sous les attaques d’une fièvre cérébrale. Il voulait mourir, et sa mère, qui passa toute la nuit à le veiller et à lui répéter cette axiome de la sagesse : « Malheur à celui qui peut désirer la mort tant qu’il lui reste un sacrifice à faire, un bonheur à soigner, des besoins à prévenir, des larmes à essuyer ! » — l’entendit répéter bien souvent le nom d’Alice, mêlé au mot aiguille, sans se douter que cette arme mignonne avait poignardé l’âme de son pauvre Édouard.