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à la brunante.

tard, et, dès la troisième minute, tout le monde avait oublié l’incident, à l’exception toutefois de Walker et de la reine Anne.

La nuit se passa à festoyer, et le jour suivant à bien dormir pour mieux s’amuser, lors de la prochaine fête.

Vois-tu, Louison ; c’est toujours l’habitude chez les gens de haut ton. Le jour, ils n’ont d’autres soucis qu’à bien manger et bien se reposer pour être plus frais la nuit ; et pendant ce temps-là, les pauvres souffrent, travaillent et trempent de leurs sueurs le pain de misère.

Le lendemain soir, danses et chants avaient repris possession du palais de la reine.

Il regorgeait d’invités ; seuls miss Routh et l’amiral Walker n’y étaient plus !

Pendant qu’on sautait ainsi à Londres, le grand’père du grand’père de Jean Paradis finissait de charger tranquillement son navire le Neptune à la Rochelle, petite ville du pays de France. Sa dernière pacotille était hissée à bord ; et, du vent plein ses voiles, le beaupré tourné vers Québec, il commençait à labourer l’océan du bout de son taille-lame.

Tout aurait été bien pour lui, et ce voyage se serait accompli comme les autres, si la reine Anne ne s’était pas mise en tête de faire épouser miss Routh par un de ses favoris.