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l’amiral du brouillard.

de la flotte que le geôlier ébahi avait vu enterrer sur l’île, au milieu d’un morne qui, d’après ses calculs, ne devait pas être loin de l’endroit nommé aujourd’hui la Pointe-aux-Anglais.

Ces causeries aidaient à tuer le temps, en attendant qu’à son tour le temps s’en vînt tuer le capitaine, lorsqu’un beau jour un choc infernal ébranla la cale où gisait l’arrière grand’père de Jean.

Il perdit connaissance, et à quelques jours de là, il se retrouvait dans une maisonnette bâtie sur les bords de la Tamise qui est, m’a-t-on dit, le fleuve des Anglais. Tout ensanglanté, il avait été ramassé sur le rivage par de pauvres pêcheurs de l’endroit, qui, le voyant à l’article de la mort, l’avaient porté jusque là.

Le pauvre amiral Walker n’avait pas eu de chance, paraît-il.

En revoyant les côtes de son pays, il avait involontairement songé à la réception que lui ferait la reine Anne, et prenant une résolution bien triste pour tout son monde à bord, il s’en était allé mettre un tison dans les poudres de la sainte-barbe, et s’était fait sauter.

Le capitaine Paradis et une couple de matelots furent seuls sauvés.

Son bonheur ne le quitta pas ; il parvint à passer en France, et à trouver là le commandement d’un vaisseau, l’Espérance de Nantes, en partance pour le pays.