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madeleine bouvart.

Xérès à la blanche clarté d’un candélabre emprunté sans bruit à la villa du colonel Caldwell.[1]

Madeleine écoutait distraitement le général lui dire :

— Oui, mademoiselle, c’est comme j’ai l’honneur de vous le confier. À la Noël, ce qui sera après demain, je vous invite à venir dîner aux quartiers généraux du vieux Carleton.[2]

— Pardon, mon général, de l’interruption ; mais je crois que l’invitation est un tant soit peu prématurée. Arnold ne sera pas prêt ; la petite vérole commence à se propager dans son camp, et les Canadiens refusent de prendre l’argent du congrès, ce qui rend les vivres difficiles pour la troupe ; ne vaudrait-il pas mieux retarder ?

— Vous êtes un pessimiste, colonel Levingston, et vous voyez tout en noir. Je sais que vous détestez Arnold, et vous n’êtes pas le seul ; c’est ce qui vous empêche de voir que ses troupes sont animées du meilleur esprit. D’ailleurs, il faut que cela finisse. J’ai pris une résolution, et puisque vous étiez absent du conseil de guerre tenu ce matin, je suis heureux de vous mettre au courant de la situation.

À la prochaine giboulée de neige, Arnold avec son contingent, se glisse du côté de St. Roch et

  1. La villa du colonel Caldwell s’appelait « Sans Bruit ». Elle fut pillée et brûlée par les troupes américaines.
  2. Montgomery had declared his intention of dining in Quebec on Christmas Day.
    Lettre du colonel Caldwell