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histoire de tous les jours.

que j’avais vu, que les dernières paroles de l’ouvrier sur le bonheur des fils de bourgeois me revinrent à la mémoire.

Un livre laissé entr’ouvert sur ma table de nuit par ma mère y répondait admirablement.

— N’enviez pas trop le semblant de bonheur qui les entoure ; car leurs richesses ne passent pas dans l’autre monde, si elles n’y sont portées par la main des pauvres.


II.


— Le congé n’a pas été assez long pour lui donner le temps d’apprendre sa leçon !

Cette boutade, surplombée d’un formidable froncement de sourcil accompagné d’une pincée de tabac d’Espagne non moins formidable, était prononcée par notre professeur qui, faisant son entrée en classe, le lendemain matin, venait d’apercevoir la place de Paul, déserte.

Malgré le terrible creux de sa voix de basse, c’était à tout prendre, une excellente pâte d’homme que notre professeur.

Nature sensible, bonne, susceptible d’affection ; mais cachant avec le soin le plus minutieux ces qualités prises sincèrement par lui pour d’indignes mouvements de faiblesse, il affectait de temps à autre une