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belle aux cheveux blonds.

Augustin qui conduisait, et pourquoi le cacherai-je ? les auberges étaient fermées.

En m’endormant, je l’entendais chuchoter :

— Notre sujet devait être d’excellente famille, il avait une bien belle robe de tulle blanc.

— J’attachai peu d’importance à ce détail, car j’avais sommeil, mais le matin en entrant dans le cabinet de travail, je revis notre trouvaille nocturne, vrai bijou anatomique.

Ravissante dans ses contours, dans sa blancheur matte et dans son immobilité, c’était une vraie statue grecque déterrée des ruines du Parthénon.

Je ne la décrirai pas plus longuement, car depuis, elle s’est embrouillée dans ma mémoire avec bien d’autres, mais je dirai que nous mîmes huit jours à en faire un squelette superbe et, puisque cette histoire semble vous intéresser, j’ajouterai que, par un curieux procédé d’injection, j’ai réussi à préserver le crâne, non pas tel que nous l’a remis le cimetière de… tiens ! c’est trop fort d’avoir son nom sur le bord des lèvres, sans pouvoir le dire : qu’importe ? c’était dans le comté de Verchères, — mais tel que la science me l’a gardé, avec ses magnifiques tresses de cheveux blonds.

Il est là, dans l’enfoncement de la boiserie, au-dessus de la porte. Voyez-vous s’allonger sur la muraille l’ombre de la pipe que ce farceur d’Augustin lui a glissée entre les dents ?

À nos bouteilles maintenant, et gare à la sardine !