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Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/132

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en paix, et soyez donc tous bénis, au nom du Père, au nom du Fils, et au nom du Saint-Esprit. »

Un silence profond suivait toujours ce récit ; chacun se recueillait et semblait se répéter les dernières paroles du pape. Appuyée dans sa berceuse, grand’mère joignait ses mains sur ses genoux ; alors, la tête inclinée, elle semblait recevoir de son petit-fils cette bénédiction de Pie IX. Puis sa voix tremblante disait :

— Et le chapelet, Henri, tu ne t’es pas trompé ; c’est bien celui du pape ?

— Oui, grand’mère, c’est bien lui.

Alors elle se levait lentement et s’en allait, appuyée sur sa canne de frêne, l’enlever des mains de petit Charles endormi. Elle baisait avec ferveur le saint souvenir ; ses lèvres tremblaient en murmurant l’Ave, et ses doigts roidis et noués par l’âge couraient pieusement sur les dizaines. La soirée s’envolait ainsi, et ce fut comme cela que le chapelet devint un