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qu’un cri de sublime résignation s’échappa de sa poitrine :

— Mon père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite !

Le sacrifice était accepté, le monde venait d’être sauvé.

Seulement, depuis cette nuit lugubre de l’Agonie, les larmes du Christ ont continué à suinter lentement sur les joues de chacun de ses successeurs. En s’asseyant sur le trône de St. Pierre, chaque Pape doit aller les puiser au fond du calice amer du Jardin des Oliviers. Dès qu’il l’a porté à ses lèvres, il se fait une sourde rumeur parmi les hommes qui ont aidé à crucifier leur Dieu. Ivres de sang et de vertige, ils se précipitent tous en foule sur les murs du Vatican, pour renverser d’un seul coup ce vase de la divine tribulation, qui restera toujours là