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mèches fumeuses hors des goulots de bouteilles qui les retenaient, et le lumignon du plafond tremblottait dans son bec de fer où l’huile commençait à se faire rare. Chanteurs et conteurs demeuraient silencieux et fatigués ; seule la mer, toujours rajeunie, déferlait au loin le ressac. Le père de madame Tanguay, le vieux Jean Pierre, se leva, et secoua sa pipe. Ce fut le signal de la prière.

Puis, chacun alla se coucher. Et c’est ainsi que les bonnes gens d’en bas s’acheminent sans regrets, sans désirs et sans remords, vers le coin obscur du cimetière de leur paroisse. Ils ont en partage la seule poésie et le véritable bonheur d’ici-bas : l’immensité de la mer et le calme pur de la conscience. Contents de leur sort, chez eux, joies, deuil, travail, tout se passe simplement et uniment, sous l’œil et en la sainte garde de Dieu.