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— Ah ! sainte bénite ! j’en ai les cheveux à pic sur la tête.

— Oui, c’est triste, bien triste, toutes ces choses, et pourtant, le pauvre garçon en souffrira bien d’autres !

Ces dames se reprirent à jaser de plus belle ; car la voix s’était perdue dans le lointain.

Cyprien Roussi tout jeune encore avait perdu père et mère, et le hazard l’avait confié aux soins d’un vieil oncle, qui avait laissé le neveu pousser à sa guise, sans jamais s’en occuper autrement que pour le gourmander sévèrement lorsqu’il n’arrivait pas à l’heure du repas. Pour le reste, liberté absolue. Aussi, dès l’âge de vingt ans, Cyprien avait réussi à grouper autour de lui la plus joyeuse bande qui ait jamais existé. Il était, par droit de conquête, le roi de tous, roi par la verve, par l’adresse et par la force corporelle. La nature n’avait rien épargné pour façonner au petit Cyprien une bonne et rude charpente. Front haut et dégagé, œil fier et ferme sous le re-