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plissait de morues, lorsque Daniel interrompit son travail, en disant :

— Ne trouves-tu pas, Cyprien, que la brise s’enforcit ? il serait prudent de rentrer, qu’en dis-tu ?

Cyprien sembla sortir d’une longue rêverie : du regard, il fit le tour de l’horizon ; puis, d’une voix brève, il commanda à Jean :

— Lève la haussière !

Et se tournant vers Daniel :

— Déferle la voile ! je prends la barre ! déferle vite, nous n’avons pas de temps à perdre, Daniel !

Une minute après, la barge était coquettement penchée sur la vague et volait à tire-d’aile vers la pointe du banc de Paspébiac.

On était alors vers les derniers jours de mai : il fait encore froid à cette époque, surtout par une grosse brise, et rien de surprenant si les mains s’engourdissaient facilement. Daniel se soufflait dans les