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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

daient à leur porte. Déjà, les journées de juin s’étaient levées pour elles. Bientôt, des pierres pleuvent de toutes parts sur les malheureux habitants du rocher. Des coups de fusil se font entendre ; et les bandes insurgées s’avancent, guidées par Agénor Gravel, qui sifflote entre ses dents :

Margot ! Margot !
Lève ton sabot,
La danse commence.

Nos matelots, excités par ce chant bachique, que Massé ne se serait guère attendu à voir métamorphosé un jour en hymne révolutionnaire, roulaient dans l’espace des quartiers de roche à rendre Sysiphe poitrinaire, tout en chantant à tue-tête sur l’air que vous connaissez.

À chaque reprise de ce chœur des Noces de Jeannette, les pierres et les coups de fusil partaient drus comme grêle. Il fallait voir alors les malheureux volatiles dégringoler par grappes dans l’onde qui, ce jour-là, n’était pas aussi amère que leur existence. Franchement, pareille tuerie devenait dégoûtante. C’était avoir des dispositions au meurtre que de taper ainsi sur ces animaux stupides ; et comme nos gens y prenaient goût, ce ne fut qu’à force d’instances que nous parvînmes à faire cesser cet inutile massacre.

Les plumes du fou de Bazan sont soyeuses, très fourrées, très blanches, mais donnent une forte odeur de musc. Bien préparées, elles acquerraient une certaine valeur dans le commerce ; et je suis étonné que quelques-uns de