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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

Oiseaux. Deux grives y ont passé un été. Une autre année, un couple d’émerillons est venu semer la terreur et le deuil au milieu des plus paisibles ménages de l’île ; et en 1875, je retrouvai la maison du gardien pleine de fauvettes et de moucherolles. Elles entraient par les fenêtres entr’ouvertes, et sautillaient en becquetant sur le buffet et les modestes meubles du seul abri que présente cette solitude[1].

Le phare du Rocher-aux-Oiseaux est une tour blanche hexagone, qui fut allumée pour la première fois en 1870. Elle est à 140 pieds au-dessus de la haute marée, et donne un feu blanc, fixe, dioptrique, de second ordre, qui s’aperçoit à vingt et un milles en mer.

Chaque dimanche soir, pendant l’hiver, le phare du Rocher-aux-Oiseaux rallume ses feux depuis sept heures jusqu’à neuf heures. Si la lumière reste visible pendant ce temps, c’est un signe que tout va bien sur le Rocher ; mais si elle se masque trois fois en l’espace de ces deux heures, alerte sur la côte de Brion ou de la Madeleine ! Un accident est arrivé aux habitants de l’île. Comme le phare est construit sur un point très-exposé, M. Mitchell quand il était ministre de la marine, donna l’ordre en 1873, d’ajouter des étais à la tour afin de mieux l’assujettir au roc.

  1. (1) M. F. X. Bélanger, le savant conservateur du musée zoologique, de l’Université Laval, a eu la complaisance de déterminer la classification de quelques-uns des oiseaux que nous vîmes sur le rocher. Ils appartiennent au genre Miotilla varia de Veillot, ainsi qu’au genre Dendroica aestiva et Dendroica castenea, de Baird, et font partie de la nombreuse famille des Sylvicolidae, oiseaux qui vivent exclusivement d’insectes, et habitent ordinairement les forêts.