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LES ÎLES DANS

à la voile demain ou lundi au plus tard, et tout ce qui peut m’arriver de malheur, je le mets sur le compte du gouvernement de la Nouvelle-Angleterre. — Liberavi animam meam. »

Enfin, la prise du Neptune, convoyé, à cent lieues et plus du cap au Finistère, par une flotte sous le commandement de Duguay-Trouin, vint ajouter aux transes de l’amiral ; et en date du 27 juillet il transmettait au gouverneur une liste des vaisseaux ennemis, tout en lui écrivant[1] :

« — Je vous donne avis que, dans le cas où je quitterais cette rade en d’aussi mauvaises conditions, et que j’irais me heurter à monsieur Duguay, comme cela est probable, s’il se propose de venir ici, je mets sur le compte de la colonie tous les accidents qui pourront m’arriver par le manque de matelote. »

Néanmoins, à force de correspondre, de rager et de se faire du mauvais sang, l’amiral Walker était à la veille de voir sa flotte en mesure de se mettre en campagne, lorsqu’une dernière humiliation fondit sur lui. Les pilotes recrutés à grands frais dans toutes les criques et baies de la Nouvelle-Angleterre se faisaient tirer l’oreille, et prétendaient ne plus connaître le golfe et le fleuve Saint-Laurent, Bref, ils se cachaient ou refusaient d’embarquer, et il fallut un warrant royal pour les consigner à bord.

Ce fut dans ces tristes circonstances, et après avoir épuisé toutes ses ressources à se chicaner comme un clerc d’huissier, que l’amiral sir Hovenden Walker appareilla le 30 juillet 1711. Une flotte splendide le suivait : et derrière lui

  1. Ces vaisseaux étaient le Lys de 76 canons, le Magnanime de 76, de l’Apollon de 72, le Brûlant de 74, le Glorieuse de 68, la Fidèle de 70, l’Aigle de 74, le Protée de 68, et le Jason de 43 canons.